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Pages pour Hommes
22 avril 2006

René Girard

ren__girard

Connaissez-vous René Girard, anthropologue et, depuis peu, académicien ? Si ce n’est pas le cas, procurez-vous bien vite au moins l’un de ses livres, Les origines de la culture, par exemple, et creusez-vous avec lui les méninges, ça vaut le coup !

Que dit-il de si particulier ?

Il soutient que nous désirons - inconsciemment, le plus souvent - ce que les autres désirent. Il appelle cela le désir mimétique. Désirant mimétiquement la même chose, nous devenons automatiquement rivaux. Comme nous nous imitons encore dans la rivalité, dans la violence, il appelle cela la "rivalité mimétique". La vengeance, par exemple, c'est faire à autrui "la même chose" qu'il nous a faite, "œil pour œil, dent pour dent", ou… "pire encore" que ce qu'il nous a fait… ce qui engendre l'escalade - mimétique - de la violence. Plein de rivalités, de rapports de "doubles", comme il dit, dans un groupe humain, font ce qu'il appelle une "crise mimétique".

Comment se résout une "crise mimétique" ? Le plus souvent par la désignation - mimétique aussi, fondée sur la calomnie, puis sur la rumeur - d'un bouc émissaire : "tous contre un". Remarquons que la guerre aussi est une forme de violence collective mimétique : "l'ennemi", simplement, n'est pas un mais pluriel. Les phénomènes de diabolisation sont les mêmes.

Il applique cela au religieux archaïque :

S'il y a des sacrifices, d'après lui, c'est parce qu'il y a d'abord des phénomènes de bouc émissaire. En période de crise, un bouc émissaire est désigné puis lynché. Refaire ce qui a été fait à la première nouvelle crise, c'est inventer le sacrifice humain - dont les sacrifices animaux sont un adoucissement.

Diaboliser quelqu'un, imaginer qu'il est capable de provoquer une épidémie, une famine, une inondation, puis le tuer et imaginer que si le groupe est réconcilié et si la crise disparaît c'est grâce à lui, c'est inventer les dieux et les personnages mythologiques !

Il étudie ensuite le judéo-chrétien :

Le judéo-chrétien est d'après lui la sortie progressive de ces mécanismes. Quand il y a une victime dans la Bible, elle est le plus souvent innocente. C'est la communauté qui a tort.

L'Ancien Testament propose une renonciation progressive au sacrifice humain - celui du premier-né - puis animal, auquel Dieu préfère "la Miséricorde".

Le Nouveau Testament apporte un "souci des victimes" incomparable. La prédication de Jésus et sa mort sur une Croix sont les incitations les plus fortes qui soient à venir concrètement en aide à notre prochain. Jésus est devenu bouc émissaire pour qu'il n'y ait plus de boucs émissaires. Dieu se révèle comme "Dieu des victimes". La charité, l'amour, au péril même de sa vie, sont l'antidote à la violence et aux mensonges.

Voilà résumée à grands traits la pensée de Girard.

Ses livres sur la littérature, Mensonge romantique et vérité romanesque et Shakespeare ou les feux de l'envie, sont aussi passionnants. Mon préféré ? La route antique des hommes pervers, commentaire éclairé du Livre de Job.

Un contemporain capital…

Pierric

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